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Allaiter ou pas - pourquoi tant d'émotions ? ?

version du 16 juin

Aucune femme n’a envie de subir une dictée, toute femme a envie de se senir libre de ses décisions. Cela est évident et compréhensible. Cela concerne aussi le choix d’allaiter ou pas. Une femme qui décide de ne pas allaiter, est libre d’agir ainsi. Et une femme qui souhaite allaiter, doit aussi se sentir libre de faire ce choix.

Il n’est pas à l’une ou l’autre de critiquer le choix différent des autres femmes.

Ces choix différent - allaiter ou pas allaiter - impliquent des besoins très différents. Actuellement, les deux groupes de femmes ne sont pas traités équitablement, Les femmes qui allaitent reçoivent moins de soutien, moins d’informations et moins de réponses appropriées à leurs questions que les femmes qui n’allaitement pas.

Quand on exige du corps médical de se former à l’allaitement c’est dans cette optique d’offrir un soutien équitable à toute femme, selon sa demande.
Une femme qui n’allaite pas est correctement accompagnée par le corps médical qui est parfaitement formé aux marques de lait artificiel, aux calendriers, aux quantités etc. Il y a de nombreux repères quand on n’allaite pas.

Or, quand on allaite, on est souvent laissée à l’abandon, en proie à de croyances ou à des idées calquées sur le non-allaitement, on subit de fausses informations, des conseils erronés, ou simplement l'ignorance qui fait beaucoup de tort.

Donc, pour offrir des soins de santé égaux, équitables, le corps médical doit pouvoir renseigner sur l'alimentation artificielle, mais a aussi besoin de connaitre la gestion pratique et les informations de base concernant l’allaitement pour bien informer la femme et sa famille.

De cette façon, chaque femme sera bien soutenue, quel que soit son choix.

 

Le biberon, le symbole de la petite enfance
En France, actuellement, le biberon est omniprésent et symbolise à lui tout seul la petite enfance. Or, il se trouve, que beaucoup de femmes ne se reconnaissent pas dans cette image et revendiquent une autre image, celle du bébé au sein. Ce n’est pas pour critiquer les femmes qui n’allaitent pas, mais pour avoir droit de cité, tout simplement.

 

Faire un choix

Pouvoir mener à bien son projet est important pour la femme. Une femme qui décide de donner le biberon prend cette décision une fois, et son projet et sur le rail. Inversement, une femme qui décide d'allaiter doit régulièrement réaffirmer cette décision car elle ne va pas de soi dans une société qui ne soutient pas l'allaitement. Une femme qui allaite doit se justifier et chercher du soutien, régulièrement. Son projet allaitement est plus tributaire et plus dépendant de facteurs extérieurs (médecins, famille, employeurs, copines) qui ont souvent tendance à dissuader. Et là encore, si elles demandent du soutien, ce n'est pas pour embêter les femmes qui n'allaitent pas, mais pou mettre tout en oeuvre afin de mener à bien leur allaitement.

Une mère qui n’allaite pas ne peut pas imaginer ce que cela représente pour une mère qui allaite. Ce sont deux mondes différents. Deux mondes qui peuvent pourtant se respecter.  Il n’est pas nécessaire d’être hostile ! La haine n’a pas de place dans ce choix. Je vous appelle à vous respecter, les unes les autres

La tension éclate quand les besoins des unes supplantent les besoins des autres. La demande de soutien et d’accompagnement des femmes qui allaitent ne vise pas le rejet des femmes qui n’allaitent pas. Il s’agit d’une simple reconnaissance des besoins différents, et d’un soutien différent.
Ce n’est pas une attaque de la femme qui fait un autre choix alimentaire, mais une revendication positive pour la reconnaissance des besoins spécifiques de la femme qui allaite.

Pourquoi est-ce qu’il y a une telle dérive vers des débats haineux et de comportements odieux ?

Chaque femme a des raisons de faire des choix, et personne n’est au-dessus pour la pointer du doigt, cela devrait être la règle des deux côtés ! Vous allaitez ? c’est bien, vous trouverez de l’aide qualifiée. Vous n’allaitez pas ? c’est bien, vous trouverez de l’aide qualifiée.

 

Décision sous influence ?

"Même si la responsabilité de la mère est engagée par le fait d’acter ou non l’allaitement de son enfant, les motivations au choix peuvent ne pas être indépendantes des divers domaines d’influence composant l’architecture socioculturelle dans laquelle la femme est éga- lement engagée." écrivent Irène Capponi et Françoise Roland en 2013 dans "Allaitement maternel - liberté individuelle sous influence".

 

Chaque femme assume son choix et ne devrait pas se sentir coupable de le faire.

Comme toute femme, moi aussi, je voudrais faire mon choix personnel tranquillement, et si je le fais, c'est pour MOI, et non pas CONTRE les autres femmes et leurs choix. C'est simplement selon MES besoins et MON contexte de vie.

Alors, s'il vous plaît, femmes comme moi, arrêtez de taper les unes sur les autres ! Vous et vos enfants comptez, votre santé compte ! Il n’y a pas une échelle de valeur selon le mode d’alimentation, chaque femme et son enfant méritent les soins nécessaires et l’attention appropriée et un accompagnement respectueux.

Conjuguons nos efforts pour être respectées en tant que femmes, dans nos diversités et nos besoins personnels.

Diviser les femmes sur la question de l’allaitement est anachronique !

La ligne de clivage pour le choix d’allaiter ou pas n’est plus politique (gauche - droite), ni sociale (modeste - aisé),  ni professionnelle (la question être au travail ou au foyer) et encore moins religieuse. Ce sont des représentations surannées.

Les femmes cherchent à s’épanouir aussi bien dans le maternage, dans le couple, dans le travail, dans le temps à soi, et chacune concocte sa vie à un moment donné, selon les contraintes données, et en modulant du mieux qu'elle peut.

Je souhaite vivement que chaque femme trouve du soutien pour SON projet de vie, pas seulement dans cette question qui enflamme beaucoup de monde : allaitement ou pas ? Mais qu’elle soit libre dans tout projet de vie :  enfant ou pas ? partenaire ou pas ? mariage ou pas ? profession salariée ou libérale ? à l'extérieur ou au domicile ? etc.

Le point commun à toutes les femmes, c'est le souhait d'être traitée de manière équitable et bienveillante dans toute circonstance.


Demandons un traitement équitable, et tout le monde y trouvera son bonheur.

Britta Boutry-Stadelmann, WBTi

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Commentaires: 1
  • #1

    ONS (mardi, 04 septembre 2018 11:36)

    Bonjour,

    Tout en reconnaissant la légitimité de poser les questions de type "enfant ou pas ? partenaire ou pas ? mariage ou pas ? profession salariée ou libérale ? à l'extérieur ou au domicile ?", je souhaiterais rebondir sur la possibilité même de poser la question "allaitement ou pas ?".

    Si on poursuit la logique dans ce sens, et puisque le développement industriel et médical nous le permet, devrait-t-on aussi pouvoir poser la question "grossesse ou pas (GPA)?", "accouchement ou pas (césarienne de confort)".

    En effet, il reviendrait à MON projet de vie de choisir librement et tranquillement, de ne pas vouloir voir mon corps déformé, de ne pas avoir des maux de grossesse et des restrictions alimentaires, d'éviter l’épreuve de l'accouchement, etc, pour avoir un enfant, n'est-ce pas?! Donc je suis libre de choisir de faire porter mon enfant par confort personnel sans que quelqu'un ose y dire quelque chose. Je suis libre de faire une césarienne de confort même si le bébé n'a pas encore décidé de sortir à ce moment là (et avec tous les risques ou simplement absences de bienfaits que l’accouchement confère au bébé).

    Ou bien au contraire, l'allaitement c'est comme la grossesse, si on veut avoir un enfant, un nombre de choses "viennent avec", qu'on le veuille ou pas, a partir du moment où on a répondu "oui" à la question "enfant ou pas": on va le porter (sauf impossibilité médicale avérée avec l'accompagnement adéquat), on va l'allaiter (sauf impossibilité médicale avérée avec l'accompagnement adéquat), on va l'éduquer et s'en occuper (sinon la justice s'en mêle), etc. Dans ce cas, c'est plutôt l'accompagnement et l'attitude générale qu'il faut travailler dans la société pour aider à bien vivre sa grossesse (ce qui est fait et même trop fait car je trouve ce sujet est surmédicalisé en France), et pour bien vivre son allaitement (c'est la que le bas blesse).

    Je suis plutôt en ligne avec la deuxième vision. Je trouve que la première approche détourne en partie l'idée de l'enfant. Car cet aspect "biologique" du fait d'avoir un enfant est tout aussi important que son aspect émotionnel, familial, social, générationnel. On peut pas dire: " je veux jouer avec mon enfant et lui transmettre mes valeurs et voir ma lignée continuer" sans dire "je suis enceinte, j'accouche, j'allaite". En disant cela pour moi il ne s'agit pas d'une dictée quoi faire, comme évoqué au début du post. Mais plutôt d'une illusion d'un choix qu'on a soit disant acquis alors que ce choix ne devait même pas être envisagé (encore une fois, considérations d’impossibilité médicale étant a part).

    Je trouve que la "libération de la femme" et l'allaitement ne sont pas en contradiction, les femmes ont juste ce droit et cette "obligation" donnée par la nature de porter et d'allaiter, et la libération consiste en structures de société adaptées plutôt qu'en invention de substituts pour faussement libérer.
    Si on a un enfant, être enceinte est considéré comme normal par la société. C'est une aberration qu'il en est pas de même pour l'allaitement. Le lait artificiel doit être vendu uniquement sur ordonnance, et les professionnels doivent tous être obligatoirement formés correctement sur le sujet. Il s'agit d'une cause de la santé publique, au delà du bonheur que c'est pour le bébé et pour la maman.

    Mon commentaire suscitera certainement de critiques vigoureuses.
    Et je sais que l'allaitement est difficile "logistiquement" dans notre société des mamans qui travaillent et qui doivent tout concilier.
    Mais si la solution n'était pas de remplacer l'allaitement mais plutôt d'adapter les attitudes et les structures dans la société qui, en effet, évolue et où les femmes jouent un rôle égal aux hommes par ailleurs, contrairement aux temps anciens? :)