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Egalité - féminité - allaitement

Le mot égalité femme – homme est devenu le terme consacré, même si dans le domaine de la maternité et de l’allaitement, nous souhaiterions plutôt parler d’équité dans le sens qu’on voudrait que le gouvernement reconnaisse les besoins spécifiques des femmes :
  • pouvoir décider de leur corps, de leur sexualité et de leur fertilité ;
  • être respectée lors de la grossesse et de l’accouchement (débat autour des violences obstétricales) ;
  • bénéficier d’un cadre législatif favorable pour concilier famille, couple et travail
  • recevoir les informations correctes et non biaisées pour pouvoir décider d’allaiter ou pas, et bénéficier de l’accompagnement adéquat selon le choix qu’elles font.
Congé maternité
Mme Schiappa a annoncé vouloir mettre en place un cadre législatif en faveur d’un « congé maternité unique ». En effet, il est important de répondre à la situation des femmes auto entrepreneuses, pigistes, intermittentes du spectacle ou en profession libérale qui ont des congés maternité épars, moins bien rémunérés que les salariés et surtout beaucoup plus courts.
Pour la WBTi, il est souhaitable que le congé de maternité soit allongé afin de permettre aux femmes de suivre les préconisations de 6 mois d’allaitement exclusif. Nous souhaitons toutefois que ce congé postnatal de 6 mois ne soit pas conditionné par l’allaitement mais soit accordé à toutes les femmes, dès le premier enfant.
Allaitement et travail
Le Haut conseil de la santé publique HCSP recommande (dans Pour une Politique nationale nutrition santé en France, PNNS 2017-2021, page 85, Promouvoir des environnements favorables à l’allaitement maternel ) « Mener une expérimentation sur l’augmentation de la durée du congé légal de maternité. Cette experimentation pourrait avoir lieu sur une duree limitee (2 à 3 années) et une echelle geographique donnee.
La surveillance de cette mesure sera effectuée sur l’initiation et la durée de l’allaitement mais aussi sur les conditions de la reprise du travail, la carrière des femmes apres la reprise du travail et l’accompagnement de l’allaitement au travail. »
Qualité du suivi grossesse et accouchement
Même si la WBTI s’intéresse avant tout aux politiques d’allaitement, le sujet touche également les circonstances de la naissance, car l’accouchement qui se passe bien est une bonne base pour démarrer son allaitement avec succès.
Le Collège national des gynécologues-obstétriciens français CNGOF prévoit de lancer le label « maternité bientraitante » - un projet en réponse aux discussions autour des violences obstétricales de cet été.
La WBTi accueille cette démarche favorablement car cela montre une prise de conscience de la profession que les pratiques doivent évoluer. Le label est une main tendue, et le CNGOF joue un rôle important pour renouer le dialogue avec les usagers, les femmes.
En revanche, nous regrettons la nécessité de créer un « label » alors que la bientraitance en gynécologie-obstétrique cela devrait être « LE standard ».
Politique familiale
En France, il y a des mesures et allocations qui favorisent la famille, l’indice de fertilité est parmi les plus élevé en Europe. Et cela grâce à un environnement social, médical et juridique avantageux pour la femme et la famille : suivi de grossesse, accompagnement à la parentalité, infrastructures de garde, aides financières pour les enfants, contexte favorable pour concilier famille et activité professionnelle.
Allaitement
Si on transpose ce constat sur l’allaitement, on souhaiterait la même attention de la part des pouvoirs publics : un accompagnement des femmes qui désirent allaiter, un suivi compétent en cas de problème, et du soutien durant toute la période où la femme souhaite continuer l’allaitement, quelle que soit la durée.
La situation actuelle montre des faiblesses, et cela malgré le fait qu’une grande majorité des femmes souhaite allaiter, car 74% (étude Epifane 2012) initient un allaitement à la maternité (1), quand les pays scandinaves ont des taux d’allaitement exclusif avoisinant les 90 %. Ce taux d’allaitement exclusif baisse très rapidement en France (2) : il passe à 28 % dès un mois, chute à 10% à trois mois et n’est plus que de 1,5 % à 6 mois - taux que l’OMS appelle à porter à au moins 50% partout dans le monde (3).
Il ne s’agit pas de forcer ni d’obliger les femmes à allaiter – tout comme on ne force pas les femmes à avoir des enfants.
Il s’agit de créer un environnement favorable, encourageant et bienveillant pour les femmes qui souhaitent allaiter, ce qui est loin d’être le cas en France. Il suffit de se rappeler la polémique autour de l‘allaitement dans des lieux publics.
Allaiter dans les lieux publics et au travail
Le HCSP recommande (dans Pour une Politique nationale nutrition santé en France, PNNS 2017-2021, page 85 Promouvoir des environnements favorables à l’allaitement maternel ) : (citation)
« Dans les lieux publics
- Mettre à disposition, dans les lieux publics (gares, centres administratifs, musées,...), des pièces réservées à l’allaitement et adaptées pour le tirage du lait.
- Distribuer des autocollants «allaitement bienvenu» pour des lieux commerciaux (cafés, restaurants, centres commerciaux...). »
Allaiter en entreprise / sur le lieu de travail
« Dans les entreprises
Les dispositions existant dans le Code du travail meritent d’etre clarifiees (lieu pour allaiter, horaires amenages, ...). Des mesures réglementaires complémentaires pourraient être envisagées pour rendre effective la possibilité d’allaiter après la reprise du travail, faire connaître et faire respecter la législation existante sur les droits des femmes qui allaitent (au travail, dans les lieux publics...). Labelliser et soutenir les entreprises actives dans le soutien aux femmes qui allaitent (prolongation du congé maternité, pièce et matériel de conservation pour tirer le lait, information diffusée...).
(fin de citation)
L’indicateur 4 du Rapport WBTi France présentera une liste de propositions pour améliorer la prise en compte de la femme lors du retour au travail après le congé postnatal.
Egalité femme - homme – et aussi femme - femme
On se focalise sur l’égalité femme-homme, et on néglige que les femmes ont aussi des besoins divers et des aspirations variées. Elles méritent toutes un traitement « égal » ou équitable en fonction de leur situation.
Si les acquis grâce au féminisme d’autrefois sont appréciables (contraception, IVG, concubinat), les femmes d’aujourd’hui vivent dans un autre contexte.
La grossesse et l’allaitement sont moins perçus comme une corvée que comme un potentiel de leur féminité, comme un des volets de la sexualité féminine. La majorité des femmes souhaite allaiter, et le slogan de la Cofam (Coordination française pour l’allaitement maternel) « Mon lait – notre force » n’est pas un vain mot !
Les jeunes femmes veulent expérimenter de nouvelles voies, nouer un partenariat avec l’homme, concilier maternité et couple, allaitement et épanouissement professionnel. Nier ces aspirations et projets de vie, c’est tenter d’enfermer les femmes dans un féminisme figé qui date d’un autre siècle, au lieu de les accompagner dans leurs choix et décisions.
Dès lors, comment se débarrasser des modes de pensée obsolètes ?
En regardant les faits : ces dernières années, jusqu’à 74 % des femmes ont souhaité initier un allaitement (étude Epifane 2012), mais beaucoup abandonnent déjà à la maternité, ou durant les premières semaines, faute d’informations correctes, par manque d’un accompagnement approprié, à cause du retour au travail précoce ou pour d’autres raisons extérieures.
Peu de femmes mènent à bien leur projet d’allaitement, c’est une réalité. Les causes sont également largement connues. Il s’agit de passer à l’action.
L’indicateur 1 du Rapport WBTi France (voir la liste des 15 indicateurs) présentera les outils pour la transformation de la France en une société moderne, accueillante et à l’écoute des besoins des femmes qui décident d’allaiter, tout en étant respectueuse et à l’écoute des femmes qui décident de ne pas allaiter.
Le vrai soutien pour la femme, ce n’est pas un diktat dans l’un ou l’autre sens, c’est qu’on la respecte et l’accompagne dans sa décision.
Le féminisme n’est pas un courant uniforme et univoque, il peut avoir des visages différents, et aussi s’adapter à des âges de la vie. Dans tous les cas, le vrai « féminisme », c’est une démarche qui respecte les femmes dans leur diversité, qui est à l’écoute des femmes et de leurs besoins, et cela dans chaque situation de la vie.
Dans un contexte où l’égalité femme-homme est une priorité nationale pour le gouvernement d’Emmanuel Macron, la démarche WBTi a toute sa place.
Nous souhaitons que le gouvernement nous aide à porter ces valeurs et qu’il s’engage pour les femmes et leur liberté de choix, notamment quand elles souhaitent allaiter, car leurs besoins ne sont actuellement pas pris au sérieux, et la demande est réelle.

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